Chapeaux
 
   

Les bonus d'Avignon 2011


Bonus 1
The show must go on*…
* Le spectacle doit continuer

Tous les comédiens vous le diront : quoi qu’il arrive sur scène pendant le spectacle, il faut continuer !

Dimanche soir, Pierre-Philippe et Anne-Cécile ont à leur tour eu l’occasion de mettre en pratique l’adage.
Le spectacle est commencé depuis 15 minutes, le public suit avec délice les péripéties d’Anouck, Matthieu, leurs parents, beau papa et belle maman sans oublier le chien, quand soudain : NOIR.
L’imprévu est à la hauteur de l’obscurité : total ! Mais pas de panique, les deux comédiens sont des pros, et le mot d’ordre est simple : improviser.

Certes, quand la voix surgissant de l’ombre de la régie annonce que cela devrait durer environ un quart d’heure, l'adrénaline déjà intense s’élève encore davantage…
Heureusement le public est compréhensif et il patiente avec bonne humeur.
Finalement, un peu plus tôt que les sombres prévisions, le courant décide alors de revenir sur scène : sans complexe, mais au grand bonheur de la famille Svonareva-Mollet !

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Bonus 2
Mistral aidant

L’une des conditions pour qu’un feu d’artifice soit tiré, c’est l’absence totale de vent. (pour d’évidentes questions de sécurité…)

En ce jour de Fête Nationale, où traditionnellement le ciel nocturne s’illumine de multiples bouquets multicolores, deux catégories de personnes sont particulièrement sensibles à la question météorologique. Mais chacun pour des raisons opposées.

Les artificiers, et les comédiens au spectacle programmé en soirée.

Si hier les cieux avignonnais ont déversé leur foudre et mis à bas les affiches sous un déluge dévastateur, est-ce que ce soir leur complice le mistral entrera à son tour en scène ?
Pas rancuniers, les comédiens qui jouent ce soir l’espèrent secrètement…

Le mistral aidant, les feux des fusées ne pourront s’élancer dans le ciel agité, et seuls les feux de la rampe brilleront ce soir sur Avignon.

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Bonus 3
La route du Off

Fin de matinée, Fabien et Charlotte sont assis côte à côte en terrasse. Sur la table, le gros guide rouge est ouvert face à leur regard concentré.
Comment choisir parmi les 1150 spectacles inscrits au programme ?

Le vent présent depuis quelques jours décide de les aider, et les pages s’envolent, tournent, s’arrêtent un instant.
Les colonnes de description avec au milieu le visuel qui attire l’œil semblent bien prometteuses. Horaire, lieu, tarifs, résumé.

Pourquoi lire cette page plutôt qu’une autre ? Le mystère intrigue toujours les annonceurs…

En face du café, l’habituelle foule du mois de juillet s’étend le long des rues.
Elle se compose de deux espèces principales : les festivaliers, et les comédiens.

On pourrait croire les premiers nonchalant en cette période estivale de vacances, mais certains pourtant semblent participer à une sorte de course au trésor : vite, il ne faut pas rater le début du spectacle suivant.
A peine les derniers applaudissements donnés, l’esprit encore enchanté ou bien déçu et donc en forte demande, la course commencée le matin se poursuit de théâtre en concert, de cirque en danse.

Ces passionnés sur la route du Off se constituent leur crédencial tels les pèlerins en marche vers Compostelle avec le tampon des villes étapes.

A leur côté, les comédiens en parade s’activent pour attirer l’attention.
Si un spectacle dure en moyenne 1h30, les autres heures de la journée sont en partie consacrées au tractage.
Ils sont là, dans les rues, sur les trottoirs, au détour d’une avenue. Ils vous tendent ce petit carton format carte postale que le mistral aime emporter et lui redonner ainsi son sens premier d’objet volant. Le flyer est la carte de visite du spectacle. Il est ce premier contact que le comédien établit avec celui qui sera peut-être son public.
La rue devient scène ; l’accroche doit séduire.

Ce soir Fabien et Charlotte ont choisi de se divertir à l’Espace Saint-Martial.
Cette histoire de jeune couple aux prises avec leur famille, comme tout le monde l’est un jour d’une façon ou d’une autre, voilà leur choix enfin arrêté.

Est-ce le sourire de la jeune comédienne leur tendant un flyer ? Le regard taquin du comédien à ses côtés ? ou bien l’affiche peu commune avec son style BD ? le titre peut-être, son jeu de mots prometteur d’un texte bien écrit ? le thème tout simplement qui résonne dans leur propre vécu ?

Tant d’éléments s’associent pour déterminer un choix…

Avant eux, près de quarante personnes chaque soir avaient fait le même, laissons-les apprécier par eux-mêmes que leur choix était aussi le bon.

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Affiche dans les rues d'Avignon


Bonus 4
Les 10 premières secondes

Comme tous les soirs avant la représentation, Anne-Cécile Richard et moi nous nous préparons pour aller jouer.

Le trac nous prend au corps, faisant monter l’adrénaline nécessaire à une bonne énergie pour cette comédie très rythmée.

Anne-Cécile me pose une question que je ne m’étais jamais posé : «Pourquoi as-tu le trac ? »
Pour elle il s’agissait d’une grande montagne qu’il fallait franchir, et cela lui paraissait difficile. Pourtant je peux vous dire qu’elle est une sacrée alpiniste (voire pyrénéiste vu son sens profond de l’esthétisme…) car la montagne paraît toute petite lorsqu’elle est sur scène tant son talent est grand.

Pour ma part j’ai répondu à cette question que j’avais la même sensation qu’avant une rencontre amoureuse. « Qu’est-ce que le public va penser de moi, vais-je lui plaire, est-ce que j’ai choisi le bon parfum, ma braguette est-elle fermée… ? »

Ce trac disparaît bien sûr lorsque l’on joue, mais il y a une zone tampon qui est très étrange et qui dure les 10 premières secondes de spectacle.
Dans cette zone j’ai l’impression de ressembler à Spiderman ou l’incroyable Hulk pendant son temps de transformation.

Une sensation de quitter une vie réelle pour partir dans un voyage de 1h40 dans un autre monde.

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Bonus 5
Parade

La parade au Festival est essentielle pour se rendre visible aux yeux de la foule.

Notre parade fait des envies. C’est vrai qu’elle n’est pas fatigante et que beaucoup de tracteurs nous envient.

Parade Avignon 2011
Parade Avignon 2011


Arrêtons-nous un instant sur le terme « tracteur » : en dehors de la définition usuelle de véhicule destiné à tirer une remorque, ici le terme désigne toute personne dont l’objectif est de donner un tract à une personne lambda.

Mais la notion de « tirer quelque chose » s’accorde aussi très bien avec la parade des comédiens : ne leur faut-il pas en effet tirer à eux le maximum de festivaliers ?

Et que dire du terme « parade » ? Le comportement de l’artiste ne cherche-t-il pas à séduire son public, tel le cerf bramant au fond du bois… ?

Revenons à notre parade…

L’autre jour, un festivalier s’approche et lance en toute simplicité : « J’aimerais bien prendre votre place ».
Il n’a pas fallu me le dire deux fois. Je me lève, l’installe dans mon transat et lui donne des flyers.
Cette personne est restée au moins 5 minutes à vanter aux passants les mérites de notre spectacle, sans même connaître le sujet ! C’était intéressant de voir que les gens lui faisaient les mêmes remarques qu’à moi.

Hier ce fut au tour de Jean Chollet, le directeur de l’Espace Saint Martial, de prendre ma place. Expérience convaincante : c’est décidé, il fera la même chose l’année prochaine !

Au-delà de la fatigue que nous ménageons grâce aux transats, nous apprécions surtout le fait que les gens viennent à nous au lieu du contraire. S’ils s’avancent vers nous de leur plein gré, ils sont plutôt souriants et courtois. Cela ne nous empêche pas de beaucoup parler avec eux et donc d’user de notre jolie voix.

Le but de tout ceci est à la fois de pouvoir communiquer de façon originale, d’être vus et de garder notre plus belle énergie pour le spectacle du soir !

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Bonus 6
Variations

Prenez deux individus qui ne se connaissent pas et laissez-les engager la conversation.
Sans avoir fait de hautes études de sociologie appliquée, il est aisé de deviner l’un des sujets de conversation qui sera abordé : le temps qu’il fait, et les prévisions pour le lendemain, voire la semaine.

Sur Avignon aussi, la banalité apparente de ce propos se répète tout au long du festival. Car la température extérieure a une influence indéniable sur l’affluence du public.

Les premiers jours ont connu la chaleur étouffante, et les festivaliers recherchaient de préférence les salles climatisées.
Bon point pour nous : sur une jauge de 45, le nombre de spectateurs variait entre 20 et 30. Sachant qu’il faut renouveler le chiffre chaque soir, pour au moins couvrir les frais, et même faire un cachet, ce nombre est pour nous satisfaisant !

Puis le mistral s’est levé, et l’élément essentiel de notre parade, le grand roll-up avec l’affiche, a dû rester à l’intérieur.
L’opération « attraction du public » devait se contenter de la distribution des flyers et de l’accroche verbale.
Bonne pioche encore une fois : le public a suivi, et la salle a été remplie.

Mais un autre inconvénient s’élève avec le vent : il assèche la gorge des comédiens. N’oublions pas que la voix est l’instrument principal de celui qui se produit sur scène dans un spectacle vivant…

Alors quand la température a enfin chuté, nous ne nous en sommes pas plaints.
Eh oui, car si notre salle de spectacle est climatisée, la chambre pour la nuit ne l’est pas. Comme il est essentiel de pouvoir recharger les batteries durant les quelques heures de repos nocturne, la fraîcheur est très largement appréciée !

Donc une bonne couverture la nuit, une veste le jour, et malgré (ou grâce ?) à ces variations de température, nos deux comédiens sont toujours d’attaque sur scène, et le public répond toujours présent.

Surtout, qu’il ne varie pas dans ses choix !

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Bonus 7
Au-delà des chiffres

Pas encore coté au CAC 40, Coup de Chapeau doit faire son bilan sur le festival d’Avignon : nous avons joué au total devant 689 personnes…

Un chiffre qui ne veut pas dire grand-chose : sur 22 représentations, c’est environ 31.3 personnes par soir dans une jauge de 46 places.
Meilleur score de Coup de Chapeau à Avignon !

Oui mais ça ne dit toujours pas grand-chose…

Les comptes financiers sont équilibrés !!!

Ouf d’accord, mais ça ne dit rien…

Les chiffres ne parlent pas d’eux-mêmes ! Mais parlent-ils des rires que nous avons entendus, des applaudissements, des sourires et des remerciements reçus à la fin des représentations lorsque le public venait prendre le temps de nous dire tout le bien qu’il pensait du spectacle ?

On peut faire dire n’importe quoi aux chiffres mais pas le bonheur que nous avons eu de jouer tous les soirs, même si avec la fatigue il fallait chercher notre énergie dans les endroits les plus insoupçonnés de nous-mêmes.

Quand on se croise avec les artistes dans la rue pour se dire : « Alors ça marche pour vous ? », la réponse est « Oui on remplit bien ! » (De toute façon vous ne trouverez pas de compagnie qui vous dira que ça ne marche pas…).

La réponse à cette question ne devrait-elle pas être : « Oui le public est content, nous avons eu de bonnes réactions, nous avons réussi à emmener notre public là où nous le voulions. » ?

Alors notre bilan n’est peut-être pas celui d’une entreprise boursière, mais nous avons quand même la cote auprès du public et pas besoin de spéculer pour ça, il nous suffit juste d’être à l’écoute.

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